« La
pensée, étant à sa façon un réseau d’anticorps et de défense immunologique
naturelle, est elle aussi fortement menacée. »
Cette citation, aux résonances virales, est tirée d’un
texte de Jean Baudrillard, philosophe ayant travaillé sur les phénomènes
extrêmes. Le chapitre s’intitule prophylaxie et virulence, dans son essai
global : la transparence du mal. Son texte est d’un appui très sérieux pour avancer
dans le tourbillon des événements actuels, contre la pression giratoire de laquelle
il devient difficile de lutter.
D’un point de vue étymologique, virus vient de virys, qui veut dire, en latin, suc,
venin et poison. Par extension, virus a donné naissance au terme virulence dont
on peut retenir deux aspects fondamentaux : la violence ou la véhémence
d’abord, c’est-à-dire ce qui caractérise l’objet dans son essence et ses effets
; puis, dans ce qui fait sa capacité de propagation, à savoir sa capacité de
multiplication et son caractère morbide, voir létal. Et bien que l’étymologie
ne puisse pas être retenu dans le cas suivant, virer qui a la même racine que
virus et virulence, vient de virare
qui signifie tournoyer. C’est ainsi qu’on dit tourner sur soi-même ou nous
faire « virer de la boule », au sens de perdre la raison. Tout ce qui
tient aux virus n’est donc pas que relatif à la médecine et aux agents
pathogènes.
Notre société est en effet virale et ce n’est pas
d’aujourd’hui, à nous faire perdre la tête, dans bien des registres. Celui de
la consommation est plus le évident : combien il est difficile ou il fut
difficile de ne pas succomber aux propagandes marchandes, et encore plus à l’heure
des algorithmes qui anticipent nos besoins, mais pas seulement. On le retrouve
à tous les niveaux des exigences sociales mais aussi des habitus, selon Bourdieu :
cette manière socialement codée de se tenir, de penser et de se comporter en
société. Comme me le fait remarquer une jeune fille, comme il est difficile dans
notre monde actuel de se démarquer un peu, d’assumer ses différences et de
trouver, pour soi, ce qui se consentira à nous faire original. Toute
démarcation, aussi simple soit-elle, invite à des justifications. La
concernant, son refus de porter des robes ou des bijoux, ou un chemisier en
flanelle, et bien d’autres signes distinctifs, fixant sa féminité, fut pour elle,
plus jeune, une bataille quotidienne. Elle se veut femme mais pas forcément
selon les règles qui jusque-là, au moins vestimentaires, dans certaines
familles, régissaient ce statut. Encore et toujours, même au XXIe siècle, qui
peut vraiment dire qu’il n’a pas succombé à ces règles et à ce genre
d’injonctions ? Et c’est encore plus vrai, concernant la consommation. Tous, un
jour, on s’est retrouvé dans le tourbillon des grandes surfaces, à pousser son
caddie. Tous, on s’est mis à la page d’une certaine mode, qu’elle fut
dominante, ou tout juste à la marge. Et aujourd’hui, vous n’avez pas fini de
vous distinguer, avec l’idée par exemple d’un séjour inconnu jusque-là, ou peu
fréquenté, que vous êtes rattrapé par la viralité du partage : les bons plans
ne sont plus des bons plans et la bonne idée, en quelques temps, devient
l’horreur partagée. À cet égard, je me souviens, il n’y a pas si longtemps,
avoir découvert à Arles, en plein mois de juillet, son festival de la
photographie pour les passionnés de l’image. La ville, avec ses ruines
antiques, ses chapelles creusées de rides, vivotait. Tout était fait de bric et
de broc, les rues étroites de la ville, entre les arènes et la cathédrale Saint
Trophime, traversées par quelques illuminés, adeptes de la photographie ou de
la vie tourmentée de Van Gogh. C’est dans cette ville que ses désordres psychiques
l’amenèrent à être hospitalisé une première fois, dans un lieu qui garde, par certains
tableaux, trace de son passage.
Vincent Van Gogh
Le jardin de la maison de santé 1889
En l’espace de quelques années, sous l’emprise d’une
soi-disant baronne américaine, jetant ses millions comme on épande les champs à
coup de pesticides, la ville et son festival sont devenus la proie des hordes
touristiques, à la recherche de hotspot. On peut dire que les changements y
furent localement virulents : cargaison de visiteurs, gentrification à outrance
et flambée des prix du marché de l’immobilier. Les pauvres gitans, dans leur
quartier de la roquette n’avaient plus qu’à bien se tenir, contrairement à leur
mode de vie habituelle, avant leur expropriation. On pourrait démultiplier les
exemples et cela nous ramène à ce jeu étrange, virulent, entre la mode et la
surconsommation. Baudrillard insiste là-dessus :
«
Il n’est que de voir l’effet de mode. Il n’a jamais été élucidé. Il est le
désespoir de la sociologie et de l’esthétique. C’est une contagion miraculeuse
des formes, où le virus de la réaction en chaîne le dispute à la logique de la
distinction. » Miraculeuse, insiste Baudrillard mais ne
nous y trompons pas ! Il fustige la diffusion, la virulence avec laquelle
les signes, et pas les idées, se propagent, comme on le retrouve dans l’étymologie
de ce terme. Les informations sont des signes bien plus que des pensées, et ça
tourne en rond, dans le vide, tout étant complètement désincarné : « Les
modes d’ailleurs s’éteignent comme les épidémies, lorsqu’elles ont ravagées
l’imagination et que le virus se fatigue. Le prix à payer, en terme de
gaspillage, est le même : exorbitant. » Et dire que c’est un virus qui nous
ramène, en les éclairant encore plus vivement, à ces tristes vérités : « notre merveilleux social est celui de cette
surface ultrarapide de circulation des signes (et non celle ultra lente de
circulation de sens) ». Entre les chaînes continues de signes, BFM et
compagnie mais aussi les réseaux sociaux, on ne peut que souscrire à ce que Baudrillard
évoquait déjà dans les années 90 : « nous adorons être immédiatement contaminés,
sans réfléchir. » Cette virulence est aussi néfaste que celle de la peste. Et « pas une sociologie morale, ni aucune raison
philosophique n’en viendra à bout », s’attristait Baudrillard.
En effet, qu’est-ce qui pourrait venir à bout de ce
fléau dans lequel, tous, on nage et on surnage, dans le bain des informations
et le développement, aujourd’hui, depuis quelques semaines, de ces nouvelles
façons de vivre, tournée vers la distanciation. Pas d’exception possible, le
pouvoir de contagion est tellement si puissant, il est traversant,
transfigurant. Avec la pandémie, chaque jour, ces logiques se vérifient, dans
un sens comme dans un autre, par leur excroissance : l’information tombe–un
traitement prodigieux, vanté par un professeur à l’allure druidique, et c’est
l’accélération, par toutes les voies, par tous les canaux. Démenti puis
polémique, le système ralentit, frétille et le lendemain, ou quelques jours
plus tard, c’est reparti : les fumeurs seraient protégés grâce aux vertus de la
nicotine ; emballement, embrasement entre lobbying, rationalité médicale,
incohérences, et voilà que de nouveau tout s’amplifie. Dernière information en
date, indemnes jusque-là, les enfants pourraient développer des formes
inflammatoires de maladie, avec une myocardite transitoire. Etc. etc. La
connaissance n’a même pas eu le temps d’être produite qu’elle est déjà
transformée en information au potentiel viral.
Notre monde, et notre société, avec tout son maillage
et son organisation, est donc viral, tout va si vite, tout se contrarie, tout
s’oppose, tant et si bien, que beaucoup ont décidé, depuis le début de la
pandémie, de fermer leur poste de radio, de bloquer leur compte Instagram ou
Facebook. Chaque jour, le même refrain.. !
Ce que Baudrillard mettaient en lumière parlaient à
très peu. Aujourd’hui, enfermé chez soi, louange à lui, on vit le tous !
Le Covid sévit et la virulence, autre que la sienne, celle de la société, est
exposée en plein jour : cadrage parfait. On admire les propos scientifiques
discordants, on vante les mérites de la discordance politique, on s’acharne à
voir que la prévision de tous les risques, au travail, dans l’espace public,
n’a plus ni queue ni tête, avec des mesures prises de plus en plus infernales :
chaque jour offre son lot de surprises, avec un jour des tests pour tous, un
jour des masques pour certains, un jour sujet à risque n’allait pas travailler,
un jour l’économie doit reprendre, un jour protégeons nos enfants, un jour
exposons les comme leurs professeurs et ce casse-tête, juridique, social et
politique est sans nom. Et on voit ainsi, au revers de la médaille,
contrairement à ce qui est affiché, de quelle manière les entreprises peuvent
se protéger en s’immunisant contre leurs salariés qui pourraient revendiquer
leurs droits sociaux, une forme de protection et surtout des conditions
acceptables de travail.
«
Le système social, comme le corps biologique, perd ses défenses naturelles à
mesure même de la sophistication de ses prothèses » écrit
Baudrillard. Notre société repose sur un système, aujourd’hui en pleine
surchauffe, au point qu’on a complètement discrédité la puissance publique et
en même temps, la science à laquelle la société se raccrochait, après avoir
banni la religion. La science risque de perdre encore plus de crédibilité,
aussi et surtout parce que comme souvent, elle est au cœur des progrès et au
milieu des désastres.
L’économie de marché, le système libéral, le digital à
tout crin, la science et ses excès, n’ont fait qu’instruire et construire ce qui
nous explose sous les yeux. À l’échelle mondiale, la machine économique a tiré
la manette de débrayage, tout tourne au ralenti, mais n’est-ce pas pour mieux
repartir, dans ses travers : surexploitation des terres et des sols,
surexploitation des hommes, organisation à grande échelle de la terreur dans
les entreprises, inégalités encore plus marquées, rentabilité comme valeur
centrale, enrichissement exponentiel des plus riches.
« On connaît
l’auto régulation spontanée des systèmes qui produisent leurs propres accidents,
leur propres freinages, afin de survivre » insiste Baudrillard. Et bien,
même blessée, la bête ne meurt pas. La récession et son lot de malheurs ne
justifient donc pas tout pour penser que tout doit repartir, comme avant. Un
homme, à l’esprit vif, aux aguets de ce qui se passe, me rapporte avoir lu un
article d’un banquier suisse qui exhortait tous les États à lever le
confinement. Ce dernier pressentait un nouveau risque : enfermés, les gens sont
en train de changer de logique et surtout d’habitude : Ils consomment moins,
ils apprennent à se débrouiller, ils sont moins serviles au système qui les a
jadis contaminé, et plus fort encore, ils s’y habituent. Plus on tarde, plus ils
risquent d’être immunisés contre la sur consommation et d’autres fléaux. Incroyable !
En effet, avec le confinement, on réajuste ses
pratiques, on intègre d’autres référentiels, et cette femme, tout juste à la
retraite, aux multiples déboires psychologiques, me le confirme. Elle
m’explique que depuis le début du confinement, elle a appris à acheter plus
sainement, bio en l’occurrence, à consommer local, ce qui n’était que les
revendications, il y a peu encore, d’une petit caste, soit très engagée, soit
aisée : « j’ai retrouvé le plaisir de faire des gâteaux et des plats
Martiniquais. » Vivant modestement, elle ajoute par ailleurs : « c’est un petit
peu plus cher mais c’est de meilleure qualité ». Aux côtés de son fils, à la
cuisine, elle fait mijoter le Rougail saucisses. Ses propos, par leur
singularité propre, n’ont rien de banal. Comme bien d’autres, elle vit le
changement, dans sa brutalité. Le premier mois de confinement a imposé des
adaptations, dans la douleur et dans leur lourdeur : pour certains il a fallu
apprendre à faire à manger, seul ou à plusieurs. Le livre de la recette de la
grand-mère, plein de poussière, est ressorti d’un carton ou alors, désabusé, on
a tapoté sur sa tablette : faire cuire un œuf. C’est comme celui qui face à une
fuite, ou à un problème technique, s’est mis à chercher la panne et a fini par la
réparer lui-même, notamment en coupant un tuyau. Soudainement, dans l’inconfort
et la douleur, on apprend à se passer de certains services. Mais passer ce cap,
celui de la persévérance, sur son île au milieu de nulle part, on arrive alors
à progresser, à s’équiper, à se débrouiller. On arrive même à ce couper les
cheveux soi-même. Le système actuel n’aime pas trop cela, la débrouille,
la démerde, même si des résistants étaient déjà partis en guerre, avec le
système des échanges, de la récupération et de la réparation. Là, par la force
des choses, ça prend une toute autre ampleur. Si on y prend garde, on pourrait
presque s’y habituer. Le banquier suisse a de quoi se faire des cheveux blancs
: si ça dure trop, beaucoup vont s’être décontaminés ou immunisés, à grande
échelle. Toutefois, ce ne sont pas des grandes pensées ou de grandes idées qui
auront assumer ce changement qu’elle vantaient par ailleurs, ce sera le système
lui-même, nous confinant, qui l’aura fait naître. C’est peut-être la version
optimiste de ce qui se passe.
Quand on sortira de la brume épaisse où on nous a
collé, nous vivrons peut-être avec d’autres logiques et moins de virulence, qui
sait ? Dans le journal, quelqu’un a lancé cette belle phrase : « nous
vivrons avec peut-être moins de biens mais plus de liens »… Ne soyons
quand même pas candide…. !
« La virulence s’empare d’un corps, d’un réseau ou
d’un système lorsqu’il expulse tous ces éléments négatifs et se résout en une
combinatoire d’éléments simples. » précise Baudrillard. Je ne crois pas que
nous en soyons encore là. Par contre, la stupidité qui s’agite autour de nous,
des médias dopés aux hormones, aux policiers abuseurs de zèle, aux
scientifiques qui n’en peuvent plus d’échafauder des modèles défaillants, -
l’Afrique va sombrer sous l’épidémie et ce n’est pas le cas (même si tout cela n’est
pas très clair) pourrait peut-être, à son tour, tel le virus, renforcer nos
moyens de défense, après son passage : « Stupidité artificielle mais aussi
aberrations virales nées de cette artificialité sans recours » si je
paraphrase, encore une fois Baudrillard. Tout le superficiel, comme le vernis
sur le tableau, s’est dégagé. On y verrait presque mieux. Quand j’entends cette
femme qui retrouve les bienfaits de la cuisine familiale, versus les plats tout
fait à emporter me dire qu’elle regarde désormais Arte, je suis ébahi. Depuis
toujours, malgré les difficultés de cette femme, maintes et maintes fois
hospitalisée en psychiatrie, je me suis toujours dit qu’au fond d’elle, elle
avait bien plus de ressources que ce qu’elle laissait manifestement transparaître.
Mais pour mobiliser ses ressources, il fallait trouver la solution ou plutôt qu’elle
la trouve. Que ce soit elle alors qui vante les mérites d’une chaîne de
télévision, réflexive, avec des pensées, je me dis que tout est possible, en
terme de changement. Et je ne veux pas faire de hiérarchie entre ce qui serait
la grande et vraie culture et le reste. Mais plutôt, soutenons ce qui nous
implique, nous engage, plutôt que ce qui nous avilit et nous rend passifs. Une
jeune fille me faisait, il y a peu, une comparaison de lecture, entre un livre
de développement personnel et du côté de Chez Swann, de Proust. D’un côté, elle
s’étonnait de tant de passages, surlignés, aux caractères grossis, vantant soit
des poncifs soit des banalités. Et de l’autre, effrayée par un livre si dense,
elle avait hésité, s’y était reprise à plusieurs fois. Persévérant, « j’ai
soudain trouvé la clef », et j’ai trouvé cela, nettement plus accessible
que ce j’imaginais » me lança-t-elle. Elle s’était juste donnée du mal et
ce n’était pas parce que c’était Proust, sommet de la littérature mondiale.
C’était tout simplement, pour elle, se rendre possible et accessible ce qui ne
nous tend pas forcément les bras ; ça se mérite et la satisfaction ne peut
en être que plus grande. À grande
échelle, on peut se désintoxiquer, rêver à mieux, espérer à la sauvegarde de la
planète aux meilleure façons de vivre, en toute égalité, si on est comme cette
jeune fille, persévérante.
«
N’est-ce pas parce que nous cultivons la brume ! Nous mangeons la fièvre
avec nos légumes aqueux. Et l’ivrognerie ! et le tabac ! et l’ignorance ! Et les
dévouements ! - Tout cela est-il assez loin de la pensée de la sagesse de l’Orient,
la patrie primitive ? Pourquoi un monde moderne de si pareils poisons s’invente
! » Arthur Rimbaud, Une saison en enfer. Il y aurait pas
mal de correspondances à établir, avec ce titre, ce livre, et ce qui pourrait
nous arriver ou qui nous arrive déjà… !
Le virus, tel un poison, incitant nos gouvernants à
nous bâtir de futures prisons, nous limitant dans nos faits et gestes, n’est-il
pas la clef pour sortir de cette brume que nous cultivions de trop, pour
reprendre la phrase de Rimbaud, et bâtir de nouvelles défenses ? Des défenses
non pas contre les autres, en fermant les frontières, évidemment. L’immunité
s’acquiert, en prenant des risques, en étant au contact des autres. Il faut
être dans la vie et pas à côté, - « Vivre, c’est pouvoir s’indigner.
Le sage est un homme qui ne s’indigne plus. C’est pourquoi il n’est pas au-dessus
mais à côté », écrit Cioran dans ses cahiers (p116) - pas question de se
cloisonner, de rejouer le passé mais peut-être d’étendre la coopération et le
respect, peut-on espérer.
On oublie trop souvent, et cela est une donnée scientifique
et médicale, un peu moins vantée en ce moment, l’immunité et par conséquent
les protections que notre corps peut développer, s’établissent et se renforcent,
au contact d’un certain nombre d’agents pathogènes. Parfois, il est question,
et c’est ce qu’on attend pour le covid-19, de l’aider avec la vaccination. Mais
pour renforcer notre immunité, biologique et sociale, nous avons besoin de
contacts, de contaminations, de frôlements sociaux qu’aujourd’hui, par toute
une série de mesures, on veut nous voir suspendus. Le port de masque, plus que
vanté, devenu aujourd’hui obligatoire, en un rien de temps (un jour
facultatif, le lendemain, garantie pour de possibles déplacements dans les transports publics) dans certains
espaces publics, nous expose à deux principes. Premièrement, si l’on respecte
bien les mesures en changeant de masque, nous allons éloigner, avec le temps,
tout ce qui serait favorable à entretenir notre immunité. Avec le temps, masqués,
nous allons devenir plus faibles. La société, d’elle-même, deviendra sûrement plus
faible avec la régulation intensive des contacts, l’éloignement et la
distanciation sociale. Au mieux, elle va finir par exiger des changements car
explosant sous le poids de ces nouvelles contraintes, complètement démesurées.
Ou alors, le masque va devenir un nid à microbes, dans lequel nous aurons le
nez en permanence, prête à nous affaiblir d’un coup. Aussi, ce confinement avec
soi-même et ses propres microbes, ressemble quelque part aussi à une forme de
société qui se ferme sur elle-même, prêt à tout identifier, à tout contrôler, à
ne plus rien laisser à la surprise, et c’est sûrement là que nous serons les
plus vulnérables. On peut jouer encore longtemps sur les analogies et les correspondances,
entre les virus, étudiés en laboratoire, et tout ce qui fait de notre société
un gigantesque terrain de diffusion et de réorganisation à l’empreinte virale.
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