15 mars 2020

 Ethnographie du confinement : « à l’écoute des regards éclairés ». 

L’épidémie de coronavirus est en train de prendre une ampleur sans précédent. Il est à cette heure très difficile de faire la part des choses. Avec la mondialisation, sur tous ses aspects, le monde et ses réactions, le monde et ses enjeux, le monde et ses craintes, est à notre porte. C’est comme au moment d’une explosion, soit tout est soufflé d’un coup, soit tout a été si rudement touché qu’à tout moment tout peut s’écrouler. Il est très difficile de savoir s’il s’agit véritablement d’une crise sanitaire, avec un virus, ultra dangereux, ou s’il s’agit d’un effondrement d’un jeu de cartes mondiales, une sorte de château de cartes qui fait que si l’on en retire une ou deux, tout va, par voie de conséquences, s’écrouler. C’est la Chine, ciblée en tant que telle, qui est la source du phénomène. On en est encore qu’au niveau des suspicions, concernant l’origine précise du virus. On présume, ou du moins de fortes présomptions font penser qu’il est parti de là-bas, d’un marché, mais sûrement plus, d’une région–le Wuhan, là où ce qui se fait de pire pour l’environnement se concentre, amèrement : hyper-industrialisation, pollution massive, échanges mondialisés à haute intensité, richesse et pauvreté, réchauffement local et hyper densité populationnelle. Une chose est sûre : les États, les uns après les autres, prennent, à mesure, les mêmes décisions. La Chine et la Corée, deux acteurs économiques mondiaux, ont décidé de confiner une grande partie de leur population, dans certaines zones et ils ont drastiquement fermé leurs frontières. À ce niveau, surtout pour la Chine, son modèle autocratique, sévère et radical, a lancé le bal des mesures privatives, dans l’idée d’endiguer la propagation du virus. 
Les résultats, mâtinés de propagande, ne se sont pas fait attendre : chute importante des cas, discours, vérité, intox, on ne peut pas savoir. Le deuxième foyer le plus important, recensé à ce jour, sorti d’Italie du nord, comme si un Vésuve de la Lombardie était entré en soudaine fusion réactive. Quelques jours de tergiversations et des dispositions drastiques s’imposent alors à cette région puis à l’ensemble du territoire italien, provoquant un exode, au départ de certaines gares comme celle de Milan. Quelques jours plus tard, c’est autour de l’Espagne de prendre des mesures similaires, dans Madrid et sa communauté, épicentre de l’épidémie locale, des mesures sévères de confinement sont prises. Les États-Unis d’Amérique, sous la tutelle de leur président, toujours aussi désarmant, impose une fermeture de ses frontières au pays européens, sauf, comble de la plaisanterie, à l’Angleterre. Et plus les jours passent, et plus la mécanique s’emballe, comme tomberait un jeu de dominos. Tout se suit, en cascade, en réaction sévère, sans qu’on puisse, pour lors, mesurer précisément les dangers réels du virus. Les études s’accélèrent, tout comme les informations les plus contradictoires sur ceux qui seraient exposés à cette maladie, possiblement victimes de forme sévère. 
L’aléatoire, à ce jour comme l’incertain, prédomine, et, à l’échelle de la mondialisation, avec la vitesse de diffusion des informations, beaucoup plus rapide que la propagation d’un virus, les théories en tout genre fleurissent. Comme à l’époque du sida, on a commencé à imaginer ce qui se fait de plus rocambolesque ; rappelons qu’au début de l’épidémie de Sida, on avait fait croire, pour donner une origine terrible au virus, à l’accouplement d’hommes et de singes, dans une transgression des genres, passibles de punition quasi divine. Là, on a commencé à dire qu’un laboratoire, manipulant des virus, et surtout les créant à des fins diaboliques, travaillant auprès des chauves-souris, aurait laissé échapper l’animal nocturne. La propagation viendrait de là, et portée par le vent des conspirationnistes et des complotistes, c’est sans compter, sur d’autres élucubrations farfelues, à l’origine de ce fléau jailli de volontés obscures.

Pour l’heure, sous l’effet de l’interdépendance des États entre eux, sous l’influence de divers discours catastrophiques, et à mesure surtout que l’épidémie se propage, la France a d’abord temporisé avec des consignes d’abord préventives, en somme tentative de rééducation, à grande vitesse, des manières de se saluer, de s’embrasser et de s’approcher. Trois ou quatre jours d’essais et un large spectre d’attitudes : L’Humanité n’est pas d’un bloc, ça on le sait.
Les sceptiques, nonchalants, au bord de l’incivilité, n’ont rien changé à leurs habitudes : « croche-pied au coronavirus », comme me le disait P, tout en maintenant son week-end d’invitations et de libations ; on ne change rien. Les inquiets, catastrophistes, sûrement marqués, pour certains, par les privations de la guerre, ou par les discours éducatifs des années 50, qui devaient sans cesse laisser planer la menace d’un retour en arrière (on comprend), tous ceux-là se sont précipités, chariot devant eux, armés de leurs grands sacs plastiques ultra solides, dans les supermarchés.   
 Et, comme toujours, quand la menace plane, la solidarité s’effrite chez certains à grande vitesse pour laisser place aux comportements les plus régressifs : chacun pour sa pomme alors même qu’on ne déplore aucune pénurie. Certains se sont donc jetés comme des morts de faim, sur les paquets de pâtes, de riz, de denrées de première nécessité, farine, sucre, huile etc. Je n’ai pas trop vu d’images mais il est aisé de se représenter la scène.

Les pragmatiques, quant à eux, ont changé un peu leurs habitudes, sans se laisser emporter par l’angoisse généralisée. Il est tout un art de ne pas dramatiser, de ne pas banaliser, encore plus dans ce grand déballage d’incertitudes qui met en tension le monde entier. C’est là, un cas unique, dans toute l’histoire de l’humanité, en temps de paix globalisée, et bien qu’il persiste des zones de guerre. C’est là une première que des États prennent, de concert, au fur et à mesure, des décisions qui se répondent. À ce titre, depuis quelques jours, les avions restent cloués au sol, pour de nombreuses compagnies et surtout, petit à petit, les frontières terrestres et aéroportuaires se trouvent fermées. On se cloisonne chez soi et c’est à ce niveau-là que l’État français et son gouvernement a décidé de s’aligner. Depuis 24 heures, un confinement quasi total a été décrété, obligeant les gens à rester chez eux, à faire pour ceux qui le peuvent du télétravail. Seules des sorties, relevant du besoin premier, sont maintenues. Cette décision succède à une autre, plus mesurée, où seul les établissements scolaires étaient fermés. Concernant la jeunesse française, de l’âge de S. (12 ans), on peut dire que les événements, sans gravité majeur au départ pour l’ensemble de la population, auront eu, sur eux, un impact sévère. Il y a cinq ans, après la vague d’attentats ayant sévi en France, certes tragiques mais concernant qu’une partie restreinte de la population, les élèves ont évolué dans une scolarité marquée par les épreuves du confinement, en cas d’alerte. Ils ont joué, rejoué la scène des tables renversées, de l’éloignement des portes vitrées, après leur calfeutrage. On leur a appris, en les conditionnant, à se taire, à ramper et à attendre. Et aujourd’hui, c’est un peu la même chose qui se joue sous un autre versant : on les enferme chez eux pour qu’ils apprennent à se protéger les uns des autres, on leur enseigne aussi, en temps de paix, que le monde qu’on a bâti, qu’on va leur transmettre, est un gigantesque réservoir à craintes et à menaces en tout genre, sans qu’on sache et c’est là le comble, sous l’étendue du principe de précaution et de prévention des risques, où se situe la délimitation entre la crainte, la peur et le vrai danger.
On se demande bien quelle leçon, quel enseignement ils vont tirer, de ce bouillonnement d’actions dite préventives. On ne sait pas toujours clairement ce qu’elles préviennent mais elles activent au moins une chose : la peur, à tout crin, va devenir le réflexe premier sans que le danger eut été identifié, clairement.
Dans ce contexte, la régression est de mise et culturellement codée. Ce matin, en prévision de mesures identiques à venir aux États-Unis, on apprenait que les armuriers et autres vendeurs d’armes avait été pris d’assaut, c’est le cas de le dire. Et toutes sortes de fusils-mitrailleurs, de pistolets et d’autres instruments guerriers, d’attaque et de protection, avaient été largement vendus. De là, on voit l’idée comme l’histoire : il faut se protéger, il faut surtout penser à défendre son pré carré comme si confinement rimait avec guerre civile, comme si ces mesures allaient rendre les Américains plus sauvages, plus grégaires alors qu’a priori, ils ne manqueraient de rien, en terme de besoins premiers. Une chose est sûre, la plus grande puissance du monde porte en elle une telle misère et une telle disparité de traitement, en terme de droits, notamment d’accès aux soins, qu’il est sûr que le terrain est propice aux éclatements en tout genre : le malaise social ne pourra être que décupler, dans un contexte de mise en confinement des américains. Voici où on en est rendu, à ce jour. Une crise plus politique que sanitaire où les privations sont l’arme maîtresse. Comme me le disait un homme ce matin, et on en est tous conscients, l’économie va valdinguer, même si, soi-disant, l’État-providence reprend en France ses droits. L’injection selon lui de 50 milliards d’euros en une fois n’est pas un poids considérable pour l’économie. Si bien sûr cela ne se fait qu’en une fois. L’État va s’endetter encore plus, explosant son plafond de base. Ce qui prime, c’est bien sûr l’incertitude. La jeune fille que j’ai reçue ensuite, raffolant du contrôle, le sien qui veut tout planifier, surtout concernant ses études, se trouve confronté, comme elle le dit, à l’échelle globalisée de l’incertitude, celle qui tape dans nos poitrines, qui percute nos tempes, qui agite nos tripes. Il n’y a personne pour lui offrir une possibilité d’amenuiser tout cela : l’incertitude est aujourd’hui le maître mot. On ne va juste pas paniquer, on va se mettre, surtout, à penser, c’est le réflexe de survie, à même de ne pas nous désintégrer. Restons donc des hommes. 


17 mars 2020

Pour l’instant, il en est qui le vivent plutôt bien, ce fichu confinement. Ce jeune homme, avec qui je m’entretiens, par visioconférence, avec pour toile de fond, derrière lui, sur la tapisserie des personnages de Walt Disney–Raiponse, avec sa chevelure blonde en premier lieu, s’enthousiasme de voir ses congénères réduits au même statut que lui. Pendant des mois, incapable de retourner à l’école, au point d’être pris de vertiges s’il devait s’y rendre, il a vécu une forme, ou plutôt sa forme de confinement. Resté chez lui, à tourner en rond, à macérer dans sa galère, comme les tomates dans l’huile et les épices, trempé de toute part par cette mise au ban. Il a galéré, pleinement. Il était dur de le remettre sur piste, qu’il retrouve, un peu, le goût à la vie. Comme on se déshabille tranquillement, il s’est défait de ses oripeaux d’angoisse. Mais là, tout s’est soudain renversé. Comme s’il avait pu le souhaiter très fort, une sorte de pensée magique, le monde s’est remis à niveau, à son niveau à lui. Tout a été suspendu et ses camarades, à son image, se trouvent désormais chez eux, sur la même ligne que lui, arrêtés. C’est bizarre, il le reconnaît. Outre le fait qu’ils sont plus disponibles, ses camarades et amis sont aujourd’hui réduits au même statut que le sien : le confinement. Il aurait pu virer mégalomane avec de telles désirs, ainsi satisfaits : que les autres puissent au moins effleurer du doigt ce qu’il vivait. Heureusement ce n’est pas le cas mais à ce niveau-là, un monde à l’arrêt, tout entier, c’est renversant et il le dit, en souriant. 

Dans la forêt, on est à l’époque des grands changements, le long des ramures la sève monte, les premières fleurs printanières, comme les anémones des bois, sortent leurs beaux pétales blanc ou jaune, au pied des arbres. L’hiver du reste, comme toujours en mars, a laissé quelques stigmates. Le beau temps ravive ce changement à venir. À ce niveau, tout est dans l’ordre, avec tout juste un peu d’avance au point que mon nez me gratte déjà et mes yeux me piquent, sous l’effet voltigeant des premiers pollens. La forêt a ses vérités que les rues, aujourd’hui, n’ont bientôt plus. La circulation s’est littéralement amenuisée, petit filet de pas grand-chose, une voiture passe et on se demande qui c’est, où il va, ce qu’il fait. La limitation de circulation convoque bientôt ce genre de pensées. Les gens s’autorisent encore quelques balades alors que ce n’est pas forcément autorisé. L’État de droit est devenu l’État d’urgence, l’État d’exception, l’état des contraintes et c’est bientôt la police, sur des normes sanitaires, qui va prendre le dessus sur tout. Comme me le disait G, l’ambiance est mortelle le soir, c’est la zone : « il ne manque que le bruit des bottes ». Les tristes heures de l’Histoire et de l’occupation, hantent nos esprits et même si rien n’est comparable, un ennemi commun a provoqué ce genre de résolution terrible. 
On a pour ordre de s’enfermer chez soi. Et à ce titre, évidence claire comme le ciel, un jour de grand beau, nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne : évidemment, entre la maison avec jardin et le trois pièces HLM, en haut d’une tour avec cinq enfants ça n’a rien de comparable. Les quartiers les plus populaires vont vite monter en pression et ça se comprend, allègrement : l’air, dans certains espaces exigus, est devenu irrespirable. 
Plus les jours passent, plus des informations dit scientifiques élucubrent des théories de transmission, assez fantasques. Le carton conserverait plusieurs jours durant le virus : seul virus, à ce jour, capable de tout ça : il aurait des dispositions hors du commun, aussi terrible qu’une arme létale, constituée par les savants les plus crapuleux. Je suis sûre que Daesh aurait rêvé produire un tel séisme avec une particule d’ARN, si minime et si sommaire, avec un tel pouvoir de nuisance. On sait de base que des études scientifiques ne peuvent être fiables qu’avec un temps d’étude important, un temps de recul et des études comparatives, contradictoires. Et surtout ce qui est observé dans les tubes d’un laboratoire ne reproduira jamais ce qui se passe, à bien plus large échelle, dans le vivant. Un virus sur carton en laboratoire, ce n’est pas un virus sur du carton, passant du hangar, à basse température ou surchauffé, à la camionnette du livreur etc… !
Le covid 19, doté de sa coque en couronne, ferait rêver le pire des assassins : il est machiavéliquement génial, capable de détrousser, de lever, toutes les défenses possibles et inimaginables : un virus, en soi, génial d’horreur. C’est si déroutant qu’ aujourd’hui, gagné par les inquiétudes qu’il draine, avec son fort pouvoir de contagiosité mais surtout de déstabilisation de la société, je me dispense de regarder des séries, soit dystopique, soit visionnaire ou fantastique où la fin des droits comme celle du monde, agitent les fantasmes ou les pensées du spectateur : j’ai donc renoncé à m’offrir le visionnage de la saison trois de la servante écarlate. Laissons, en ces temps de confinement, notre esprit dériver ailleurs que sur les graphiques de la peur ; c’est ce que j’ai fini, ce soir, par me dire. 

18 mars

« Il nous faudrait vivre à la campagne, chasser, boire et manger, aller à la pêche baiser notre femme, le soir. Tout le monde s’en porterait mieux. Nous prenons tout trop à cœur. Et dans une âme, il n’y a qu’une place donnée. Quand on veut lui faire contenir plus qu’elle ne peut, elle éclate. » André Derain, 5 août 1905, lettre à Vlaminck.

S’il savait, le grand Derain, il y a plus d’un siècle, combien le ton de sa lettre avait quelque chose de prémonitoire dans ce que les hommes, en 1914, auraient du faire, plutôt que de s’étriper sur le champ de bataille. Le monde était alors en effervescence mortuaire. Plus d’un siècle plus tard, le monde est « en pause » comme me le répète un homme. Ce n’est pas l’effervescence mais une sorte d’accalmie globalisée, tout l’hémisphère nord a ralenti sa cadence. On a enfermé les gens chez eux, les Espagnols « javélisent » leur rue à défaut de saupoudrer ou d’enduire les murs de chaux. On ne comprend pas très bien ce qui s’est passé, en quelques jours, pour que tout soit ralenti à un point tel que même les canaux de Venise, opaques depuis des siècles, offrent désormais une limpidité surprenante, reflets en moins mais avec en leurs eaux, des poissons frétillants de vie. Le monde est en pause, du côté des pays riches, les plus pollueurs exauçant le souhait inespéré de tous les écologistes contemporains qui, depuis des mois, Greta Thunberg en chef de fil, exhortaient les chefs de gouvernement à faire quelque chose pour la planète.

Et comble de l’inexplicable, et ils l’ont fait, leurs doigts appuyés sur le bouton de toutes les restrictions possible, comme on ne l’ avait jamais fait jusque-là. Au XXe siècle, lors de toutes sortes de guerre, la vie se suspendait, à certaines heures, c’est tout, avec des milliers de personnes, cachées, confinées, transitoirement, comme à Londres ou à Moscou, dans les tunnels  ou couloirs de métro pour se protéger des destructions, sous les rafales bombes, des raids meurtriers. Là rien de tout cela, pas de guerre mais une menace virale et la menace est telle que tout le système, déjà soi-disant bien préparé, voir même sur préparé, avec ses logiques reposant sur la gestion des risques et non sur le danger véritable, s’est mis à s’accélérer gravement et à beuguer, pour reprendre un terme d’informaticien . 

Je crois même qu’au vu des décisions prises, il est en totale surchauffe. Il faut quand même s’imaginer combien, en trois fois rien de temps, une goutte d’eau, un nombre invraisemblable d’humains sont enfermés chez eux. Un déploiement de mesures exceptionnelles, du jamais vu, à une telle vitesse : des peuples ainsi domestiqués, dociles, et asservis, a-t-on envie de dire. Une nouvelle fois, enfermés tous mais pas selon les mêmes conditions de paix et de tranquillité et on suppose aisément à quel niveau de promiscuité, de tension, de surchauffe, certaines familles se trouvent, même si, en ce début de confinement, les attitudes civiques prédominent, notamment entre voisins, mais jusqu’à quand. 

Comment des État autoritaires, puis démocratiques, de la Chine à l’Europe, des dispositions légales ont été prises, en terme de limitation de circulation et de liberté. Aux drones à hélices, dans les mégalopoles chinoises, a succédé, en France, un pouvoir discrétionnaire de verbaliser quiconque ne justifie pas, ouvertement et scrupuleusement, son passage dans les rues, sur la voie publique. Seul l’espace intime de la maison reste préservé et tient encore mais jusqu’à quand. Ne viendra-t-on pas chercher bientôt les infectés chez eux ?  Au-delà, point de salut ou presque. C’est comme ça qu’en une journée, dans l’Allier, 250 personnes ont été verbalisées. Dans le Rhône, une femme de 50 ans, qui se rendait à la clinique pour des soins non urgent, s’est trouvé obligée de dévoiler, comme aux grandes heures de l’occupation, pourquoi elle circulait avec sa voiture, pratique de l’aveu, à petite échelle, ainsi elle a été sommée de faire demi-tour, écopant au passage d’une belle contravention. L’État enferme, avec des promesses d’être provident ! En même temps l’État, par tous les moyens, va remplir ses caisses autrement.

On se retrouve tous, comme des cons, chez nous à quelques exceptions près dont je fais parti, à certaines heures, pour aller prodiguer quelques soins. J’observe ainsi des réactions inattendues ; celui qui était sur les berges d’exaltation a fini par tomber dans l’eau de l’état hypomaniaque, avec ses pensées qui fusent et ses idées, rocambolesques. Lui avait vraiment besoin qu’on le soigne. Pour lui épargner la collectivité, j’ai opté pour des solutions nouvelles. Les parents, ultra-inquiéts, qui m’avaient bombardés de messages sont devenus, pour la première fois, alors que le jeune homme est majeur et réservé à l’idée du bienfondé des traitements, des auxiliaires de santé : ils vont donc bien vérifier qu’il prend ses traitements, un peu comme à l’hôpital quand autrefois, on exigeait des patients récalcitrants qu’ils ouvrent grand la bouche pour s’assurer qu’ils ne dissimulaient pas la prise: Depuis on a créé des médicaments à libération instantanée, sitôt posé sur la langue ou sur le palais, sitôt  absorbé. 

Et d’autres, mal-en-point depuis quelques temps, ont vu, par l’effet de cette pause du monde leurs angoisses, s’apaiser, se calmer, comme le rivage, après la tempête, retrouve la mélodie des petits clapotements. Étonnant. C’est comme si, notamment pour les lycéens ou étudiants, le train des examens, des cours, des obligations en tout genre, d’habitude toujours en marche, qui ne s’arrête jamais, était resté coincé en gare. Les angoissée qui étaient depuis des lustres sur le quai voient, ainsi sous leurs yeux ébahis, le train s’immobiliser : ils disent alors, soit que tous les autres, comme eux, vont en redescendre, soit qu’avec une main bien agrippée à la portière, comme autrefois, sur les marches métalliques, appuyant sur leurs pieds, vont de nouveau y monter dedans. Ouf. 

Comme jamais, le monde a fait un double salto, a vrillé sur lui-même et s’est mis à ralentir, à ralentir, à se désamorcer un peu, laissant aux plus chanceux la possibilité de souffler comme cet homme qui s’astreint quotidiennement à ses exercices de méditation, à son footing, se nourrissant de produits bio (il travaille pour un grand groupe français pas de risque pour l’instant de se voir au chômage) alors que d’autres, en sueur, comptent, à chaque goutte qui tombe sur le sol, combien tout cela va leur coûter. Surtout, voyant leur trésorerie fondre, ils se demandent bien s’ils vont pouvoir se relever, sans trop de fractures ou de contusions, avant même que la gangrène ne les gagne. 
Dans ce théâtre de l’improbable, les images ont encore la part très belle. On s’en envoie par message, drôles, décalées, jouant sur la situation pour en caricaturer toutes les incohérences. Ainsi, un chien vautré par terre, exténué, se demande pourquoi tous les voisins, à tour de rôle, l’ont baladé, en une journée. Ou encore, cette représentation de la mort, des squelettes, emmitouflés sous des capuches, montés sur leur destrier, s’étonnent que l’un deux se balade avec des rouleaux de papier toilette sous le bras. Et oui ! Si les Américains, dès à présent, se précipitent sur les armes, les Français et d’autres nationalités ont dévalisé les supermarchés en papier toilette, image de ce qui, dans ce contexte, compte le plus, avoir le cul propre. On est pas loin d’être mort de rire. On se demande bien de quoi veulent se laver certaines personnes, leur cupidité, lâcheté ou égoïsme. Allez savoir. 
Après les images comiques, il y en a  qui laissent plus sceptique sur leur véracité et leur usage. Nul besoin de les voir. C’est là le paradoxe pour s’en faire une idée. Il est ainsi question des services de soins intensifs ou des urgences italiennes, au pic de l’épidémie, que l’on découvre en boucle aux informations télévisées où c’est la panique qui est montrée, focalisation à outrance sur ce qui pêche mais aussi, comme une image propagande, pour exhorter les gens confinés à rester chez eux. Tous les canaux sont bons pour activer et entretenir la peur collective, seul moyen apparemment pour tenir les foules alors que c’est avant tout la peur, attisée, qui semble avoir emballée toute la machine des pays riches, interdépendants et surtout leur incapacité à s’adapter alors que leur système repose sur la gestion des risques et des prévisions en tout genre. Comme quoi… ! Tout s’est accéléré, et dans ce flot, au XXIe siècle, l’image, à bien des égards, bouillonne et transmet son lot d’irrationalité. 

20 mars

Temps maussade, ciel de girouette, gris, blanc, puis teinté de bleu, par petites touches intermittentes, le monde a sombré dans la psychose, dépassant une nouvelle fois, après les attentats du 11 septembre, les plus mauvais film de science-fiction. J’ai plus d’une semaine de retard dans la lecture des journaux. Enfermé chez soi, ou presque, on s’évite la gangrène cérébrale. Il va falloir me couper les connexions de la déraison, si on écoute, en boucle les informations ou qu’on les lit, sans filtre ou sans réflexion. Plus aucun autre sujet ne mérite qu’on s’y attarde dessus et surtout il ne se passe plus grand chose : que des faits divers, issus de ce marasme ou apparenté.
La courbe des décomptes de malade fait chavirer quiconque la regarde, chaque jour, comme si on regardait un thermomètre élever sa boule de mercure avant d’éclater, sous la pression. Je vais néanmoins tâcher de lire un peu et faire mon tri, il n’y a que ça à faire. En deux jours, deux sorties aux supermarchés, histoire de prendre la mesure  de la situation de psychose généralisée. Ceux qui se sont barricadés chez eux depuis quelques jours résistent. Il y a nettement moins d’affluence et les rayons, à vue de nez, se vident. On se croirait revenu en Pologne, sous l’ère communiste. J’exagère un peu mais comme les transporteurs, livreurs, finissent par s’arrêter, pris par la panique et surtout le droit de retrait (on les comprend… !), les approvisionnements tirent la langue. 

Au magasin bio, fréquenté par les puristes, adeptes de graines et de substances naturelles, c’est l’hécatombe. Dès l’entrée, on vous alpague pour que vous vous munissiez au plus vite de gants caoutchoutés. Tout ce que vous allez effleurer des yeux sera capté par vos mains protégées si tant est que quelque chose vous tente. Le surprenant n’est pas là, il est ailleurs, il est sur la tête. En trois jours, tout a basculé. Les caissières, sans exception et on les comprend, se sont munis comme une grande partie de la clientèle, au moment où j’y passe, de masques et c’est tout bonnement, concernant les clients, l’apothéose. Plus aucune étude n’a de valeur sur l’efficacité de tel ou tel masque. Tout le monde y va de sa protection, sait-on jamais, même non reconnu efficace, ça peut marcher. Dans le doute, autant optimiser la barrière, c’est comme dans l’histoire des trois petits cochons, tant qu’on monte un mur, de brindilles, de bois flottant ou de paille, il est là, ce mur. Derrière, ce qui prime, c’est d’abord se sentir caché et préservé jusqu’à l’arrivée du souffle virulent de la bête. Le loup comme un covid 19 s’en moque des protections de pacotille. On le sait. C’est donc la galerie des masques en tout genre et pas des glaces : masque donc de fortune, fabriqué par ses propres soins, en tissu, passe encore, un CHU a donné des consignes sur le net sur comment les coudre et les monter, masque de chantier, censé repousser la poussière, comme les masques pour faire le ménage, masque sorti d’on ne sait  quelle galaxie, avec un embout ovalaire bleu, masque dit FFP2 (et bien toi, pourquoi t’as ça pour faire des courses alors qu’il en manque pour les soignants)  masque aussi en papier mâché, non là c’est moi qui exagère et puis, outre le type de masque, la manière de le porter est à elle seule une grande comédie, masque enlevé, remis, touché, masque sous le nez, évidemment pour respirer, masque mal ajusté qui pendouille : une vraie galerie des masques. 

À l’autre commerce de la ville c’est bien plus décontracté. Les responsables, un couple, ont lâché l’affaire : pas de masque, pas de gants et ils le revendiquent, en se disant que s’il fallait suivre toutes les recommandations, à chaque client, il faudrait en changer : impossible. Alors ils ont renoncé, ce sont donc les clients, certains, qui disjonctent. L’un deux, au petit matin, sur le pas de la porte, exhorte les commerçants à faire ses courses pour lui, il attendra volontiers dehors. Il est éconduis… ! Un autre, à la caisse, exige de mettre lui-même sa carte bancaire dans la machine, attention on ne touche rien. Et puis d’autres, encore, qui se demandent, complètement perdus, si tout est arrivé sur les étales, en toute sécurité. On délire, ça y est. 
Heureusement, les habitués dont l’un d’eux, appelé par le patron de son prénom, Mathieu, le bon Saint Mathieu, a gavé son sac plastique blanc de canettes de bières noires, des fortes, très fortes. Lui, pour oublier le Corona, va se désinfecter le gosier à grande goulées de bière. Au vu de son teint, grisâtre, ça fait un moment qu’il se lessive le palais, à grande goulée d’alcool fort.
  

Au cours d’un petit échange de SMS avec E, je prends la mesure, en l’écrivant, que tout un système de prévention, basé sur la gestion des risques, par des gestionnaires, s’est emballé ces derniers jours. Le système, bien en place, à tous les niveaux, dans tous les pays, est devenu incontrôlable. On en a perdu le contrôle et ce qui le justifie, le principe de précaution et surtout de préservation personnelle–le chacun pour sa gueule, est en train d’accoucher de ce qui se fait de pire : la lâcheté. Les décisions, à tous les niveaux, sont prises en effet par lâcheté, juste pour se protéger des menaces juridiques. 
E. m’explique que si elle reprend son activité de kiné et qu’on peut prouver qu’elle a transmis le covid – ( une hérésie bien sûr), ce sera pour sa pomme. L’ordre des kinésithérapeutes ne couvrira personne ; ils l’ont dit et ils ont même fait intervenir, sur leur site, un juriste. On nage, une nouvelle fois, en plein délire. En aseptisant au maximum, toutes les relations comme les décisions, comme celle d’aller sauver des gens d’une impotence ou d’un possible handicap en les rééduquant dans les temps impartis, vite et bien (même en temps de confinement et surtout, il y a des accidents domestiques), on a créé une société qui fonctionne sur la gestion des peurs, des peurs, souvent disproportionnées, par rapport aux dangers mais surtout devenues inconscientes que la vie, en général a ses fins. Il faut le reconnaître, cette peur fait qu’on a ainsi refusé de s’occuper dignement pour certains États des migrants, cette peur qui fait que personne ne veut assumer de vraies bonnes décisions, comme celles de continuer à soigner, en marge de l’épidémie, ceux qui en ont encore besoin même si cela n’est pas forcément d’une urgence imminente.  
Les décisions, non tranchées, compromettantes, sans véritable effet, si ce n’est celle de la bureaucratie, qui limitent l’actions de ceux qui sont sur le terrain, ont pris le dessus ; ce n’est pas pour rien que l’hôpital, au de-là du manque de moyen, est en crise : de nombreux médecins qualifiés, complètement dépassés, perdant leur engagement, démotivés et inquiets, l’ont quitté, en mode survie ; je sais de quoi je parle. Il suffit de voir comment pour le climat, à ce jour, aucune grande décision n’a été prise. De la petite entreprise au gouvernement, à tous les niveaux, c’est la même mécanique, répétée, inlassable, où le courage s’écrase face à la lâcheté. Si certains finissent en burnout comme on dit souvent, c’est bien en raison de cette crise morale : beaucoup, face à ce dilemme, ne voulant pas être des lâches, explosent en vol. Le covid 19 devrait nous faire prendre conscience de tout cela. 

23 mars 2020

En moins de temps qu’il m’en faut pour l’écrire, le rapport à la contamination à valsé ou presque. Changement radical, petite pirouette dans les airs, on met nos mains au-dessus de la tête comme la danseuse classique, debout sur ses pointes, à former avec ses bras une sorte de V, pas encore celui de la victoire mais on cherche à s’auto convaincre. Pendant que beaucoup, suivant les consignes de confinement se calfeutrent, que d’autres, encore plus terrifiés, lessivent leurs semelles, jettent tous leurs habits dans la machine à laver, sitôt le perron franchi de chez eux, comme mon beau-frère en Espagne, d’autres s’inventent, du moins cherchent à se convaincre qu’ils ont été contaminés, les semaines précédentes. Quelques signes en phase avec ce que les médias ou d’autres organismes reconnaissent comme suspect et voilà qu’une petit toux, une dyspnée il y a quelques jours et signe majeur, une anosmie (l’odorat ne fonctionne plus), et ça y est ouf, je l’ai eu, évidemment sous une forme ultra bénigne et le tour est joué. Au vu des statistiques, tous les prétextes sont bons pour se rassurer. La mort, avec sa faux devenue une arme asphyxiante, peut passer son chemin : l’immunité est acquise. Cloîtré chez soi mais sûr d’être à l’abri de tout, le confinement nous porte à croire qu’on se protège ou qu’on protège les autres–il est difficile de faire la part des choses. Je suis sûr par contre qu’une interprétation, lue dans les journaux par une psychologue qui ferait mieux de se terrer chez elle est complètement erronée : le fait de se jeter sur le papier toilette serait un signe de notre humanité, de notre civilisation : quel idée saugrenue alors que des millions de gens par le monde, depuis la nuit des temps, se lessivent les fesses autrement : une bonne bassine d’eau chaude.. !
C’est le signe régressif de ne pas perdre son petit confort personnel ou alors, bien plus attractif, qu’on se jette comme les autres par identification dans ce qui apparaît comme le plus manquant : papier toilette, dans les rayons ça prend tellement de place, comme le souligne certains journalistes, s’étant intéressés à la question. Toute cette logique a un nom mais je l’ai perdue.

On ferait, à mon avis, bien mieux de s’inquiéter du sort réservé à nos défunts. Les morts, à la vitesse où tout cela va, sont traités dans la plus grande des indignités. À peine refroidies que les dépouilles du Coronavirus, privées de soins mortuaires, laissés dans leurs excréments, sont jetés dans des doubles sac blanc, comme de vulgaires déchets. Certes, il s’agit d’éviter la propagation mais n’y a-t-il pas une autre façon de faire sachant que les familles, en grande partie, sont elles aussi, privées de revoir leur père mère frères etc. Il sera parti à l’hôpital, le souffle coupé et comme dans le cadre de guerre–il restera un disparu–corps et âme. Vraiment comment est-ce possible de gérer tout cela ainsi ? On se le demande. C’est d’un arrachement total. 
 S., en son for intérieur, demande à table comment ça se passerait aux urgences si un malade atteint du coronavirus arrivait en même temps qu’elle, avec une fracture très grave. « Ils prendraient qui en 1er » se demande-t-elle, du haut de ses 12 ans, comme si déjà dans la tête d’un enfant, l’infection imposait l’idée même du tri, selon un dilemme éthique. L’éthique, à l’épreuve d’une inquiétude enfantine… Ou plutôt primordiale… !!

24 mars 2020

Sur les routes, ce matin, quasiment personne, c’est un tel niveau de calme que je me repasse un autre passage d’une lettre Derain que j’ai lu, ces derniers jours. Pour lui, condition nécessaire et inséparable du bonheur des hommes, le calme est à faire fructifier, pousser, entretenir comme jamais. Avec ce soleil éclatant, ce matin, je respire le calme. Privilège incroyable d’aller encore au travail même si je suis aucunement en première ligne. D’ailleurs j’estime que tous les efforts ne peuvent pas qu’être concentrés sur l’infection : les malades d’autres maladies ne s’arrêtent pas pour autant d’être malades. Je crois même que dans certains cas de figures, ça peut être bien pire : entre les cancers non dépistés, les maladies chroniques déstabilisées, les troubles psychiatriques aggravées et j’en passe. Le désordre ambiant qui vise à tout mettre sous cloche a quelque chose d’incroyable et d’irrationnel.

À ce jeu-là, les plus inadaptés à la société moderne, effrénée et sans pitié, trouvent, du reste, dans ce confinement, un peu de répit et de douceur. Une jeune femme, fragile, toujours sur la brèche, accueille ses mesures de claustration avec philosophie : « en terme de confinement, j’ai dit-elle de l’avance sur tout le monde ». Le monde, transitoirement, se renverse et les plus fragiles s’en trouvent, paradoxalement et je crois transitoirement, les plus adaptés.

Du même alliage, un homme d’une quarantaine d’années, quant à lui, baigne dans cette eau de l’enfermement comme un poisson aux couleurs chatoyantes. Pour me parler par vidéo conférence, il s’est justement mis, pour que je l’admire, dos à son aquarium, fait de pierre sans aucune plante aquatique, des filtres surpuissants et des poissons venus tout droit des profondeurs abyssale de l’Afrique : « je peux tenir des mois à ce régime, je suis un expert du confinement » me dit-il. J’acquiesce, il est capable de ne pas sortir de chez lui, pendant des semaines, à part pour venir à mes consultations de psychiatrie. Pour autant, ça ne l’empêche pas d’avoir, en s’informant, en lisant, en regardant des vidéos, un regard incisif sur le monde : « ce virus est extraordinaire, me dit-il. Ils vont le garder celui-là. Le « ils » sont les politiciens, financiers et dirigeants du monde : «Ce virus tue les vieux, il préserve les jeunes, ils obligent les pauvres à s’exposer dans les entrepôts et les supermarchés pendant que les riches, cadres en tout genre, se réfugient chez eux en télétravail pour se protéger de l’infection, un virus comme ça, c’est extraordinaire. En aucun cas, il ne soutient des théories complotistes, comme celle qui déjà laissent entendre que le virus a été créé de toute pièce pour dégager les retraités et limiter les versements de pension. Cette homme souligne juste les points de tension où le virus est en train de se loger : il va rendre la société encore plus inégalitaire.

Surveillant les fluctuations de la bourse, il se dit que le pire est à venir avec les États-Unis d’Amérique. Leur système de santé est gravement inégalitaire et toute tentative de confinement, à l’échelle de ce territoire, est impossible : « ça va pas tarder à décoller me fait-il reconnaître : ce sont les financiers trader qui se frottent les mains » m’explique-t-il avec son air de conviction quand il hausse violemment la tête, en guise de demande d’approbation. Le système financier actuel, reposant sur une forme de néocapitalisme, a besoin d’être purgé de temps en temps. Et là,  ça va être le cas : les actions vont chuter et ceux qui s’y seront bien pris, qui ne pouvaient plus acheter, vont vendre vite et bien, pour ensuite acheter à nouveau : la bascule leur assurera, malgré les pertes, de nouveaux gains. Le covid 19 est du pain béni pour les traders et financiers. Ainsi, contrairement à 2008, lors de la crise des subprimes, ils seront déresponsabilisés du crash ; voilà, ainsi va le monde. 

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